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Par Luc Vinogradoff
Depuis deux semaines, l'ancien président Bill Clinton est apparu dans des publicités de campagne diffusées dans de nombreux Etats-clés, répétant un message très simple : si la situation économique des Etats-Unis est toujours précaire, c'est avant tout la faute des républicains "qui nous ont mis dans le pétrin où nous sommes", et Barack Obama "est le mieux placé pour restaurer le plein-emploi". M. Clinton devrait développer les mêmes thèmes, mercredi 5 septembre, lors d'un discours très attendu à la convention démocrate.
Barack Obama veut profiter de la popularité de Bill Clinton |
Toujours très populaire et définitivement associé à la dernière
grande période de croissance économique du pays, Bill Clinton mettra
tout son poids dans la balance en faveur de M. Obama, un homme avec qui
il a pourtant eu des relations tendues.
En 2008, après des primaires musclées et la défaite de sa femme, Hillary Rodham-Clinton,
il avait prononcé presque à contre-cœur un discours de soutien au
candidat Obama à Denver. Cette fois-ci, le président sortant a confié à
son prédécesseur démocrate le soin de proposer
officiellement son nom pour la nomination du parti, un poste éminemment
stratégique qui montre à quel point la campagne d'Obama compte sur la
magie de Bill Clinton.
Et inversement, à quel point l'ex-président est prêt à se mobiliser pour la réélection de son successeur. "C'est un discours très important pour lui, confie au Washington Post Terry McAuliffe, ex-conseiller de M. Clinton. Il a décidé de prendre le fardeau sur ses épaules."
LA POPULARITÉ DE "MISTER BILL"
Les stratèges démocrates espèrent que la présence de Bill Clinton
ait des retombées concrètes sur des franges de l'électorat que le
président sortant peine à attirer
: les hommes, les cols-bleus anglo-saxons et les personnes âgées, trois
catégories socio-professionnelles où "Mister Bill" jouit encore d'une
grande popularité. Dans l'ensemble de l'électorat, il récolte 66 %
d'opinions favorables, selon un sondage Gallup datant de fin juillet,
loin devant les 41 % de M. Obama.
Avec son discours, qu'il écrit personnellement depuis plusieurs mois, selon son entourage, il tentera de rassurer les centristes et convaincre la part des électeurs indépendants, sans lesquels une victoire aux Etats-Unis est presque impossible.
Dans plusieurs Etats-clés, Barack Obama a été rattrapé ou même dépassé par Mitt Romney dans les dernières semaines, comme la Floride (48 % - 47 % pour Obama),la Caroline du Nord (47 % - 45 % pour Romney), l'Iowa (54 % - 47 % pour Romney) ou le Missouri (52 %-42 % pour Romney), selon des récents sondages. Bill Clinton devra contribuer à inverser la dynamique.
Fort de son bilan économique à la tête du pays, Bill Clinton se
présentera comme la caution de M. Obama, considéré, selon les enquêtes
d'opinion, comme moins à même de gérer les problèmes économiques du
pays que son rival républicain.
Mardi soir, Bill Clinton a donné un aperçu de son discours lors d'un
dîner organisé en son honneur par la délégation de l'Arkansas. Il a
notamment attaqué les républicains sur l'état de la dette du pays, qui
a dépassé cette semaine 16 000 milliards de dollars.
"Quand ils sont revenus au pouvoir – ou que la Cour suprême les a remis au pouvoir – ils ont voté des baisses d'impôts et dépensé beaucoup d'argent", se rappelle-t-il, soulignant qu'après huit ans à la Maison Blanche, il avait laissé un excédent budgétaire. "Sa seule contribution [d'Obama]
a été le plan de relance de 800 milliards de dollars. Les dizaines de
milliers de milliards de dollars ? Ce n'était pas sa faute."